
Carnet
d'Errances
L'exposition Carnet d'Errances est une invitation à un voyage sensoriel et introspectif, entre l'image et le verbe. Chaque œuvre, raconte une histoire, une émotion, un instant suspendu. Mélange de genre, cette exposition et le témoignage brut est sincère du parcours d'une âme quête d'humanité.
À travers ses photographies, Shyam capture ce qu'il ne peut écrire ; à travers ses mots, il exprime ce qu'il ne peut photographier. Ce dialogue entre mots et image créé un espace poétique ou chaque spectateur est invité à construire sa propre lecture et à y superposer sa vision du monde sur celle de l'artiste.
Pensée comme un puzzle, l'exposition entrelace passage du carnet de voyage et photographie pour créer un jeu de correspondance. À l'instar du voyageur, elle incite chacun à se perdre pour mieux se retrouver.





Sangue Cheikh Moussa Diagne Ndiambé Borom Darou
Le guide est là, assis en tailleur, à même le sol. J’imite les autres convives ne sachant pas quel attitude adopter face à un tel personnage. Ainsi, je courbe l’échine face à lui, en veillant à ne jamais croiser les yeux de ce mystérieux personnage. La cérémonie était terriblement longue et je ne pouvais m’empêcher d’observer ses mains richement ornées de bijoux en lançant quelques regards indiscrets pour dévoiler quelques traits de son visage.
Zikr
C’est alors que les hommes, les femmes et les enfants forment un cercle sous la tonnelle. Une femme hurle, la main sur la tempe, quelques paroles d’un chant à en perdre les cordes vocales. Une fois la phrase terminée, l’assemblée reprend en choeur sa vocalise à tue-tête et se déroule alors une merveilleuse transe collective à laquelle je meurs d’envie de me joindre.




Daara gui
Jangg naa nouyou
Au Daara est un refuge où vivent en communauté des personnalités de tous horizons et aux histoires variées. Ils vivent du partage de leurs richesses et de leur savoir-faire. Ainsi j’ai eu l’occasion d’échanger avec un coiffeur, un étudiant en chimie, un professeur, une bijoutière, …
En pénétrant de le Daara de bon matin, je croise toujours nombre d’habitants que je salue à leur manière : en ployant le genoux au sol et en portant le talon de la main au front de mon interlocuteur, puis sur le mien à plusieurs reprise tout en échangeant sourires et salamalecs en wolof. Il s’agit d’un rituel quotidien essentiel, auquel je me suis assez rapidement familiarisé.





La force Diola
Une averse tombe, le fracas des canons fait trembler la terre. La pesanteur de l’atmosphère n’a d’égal que lourdeur de l’humidité ambiante. Des hommes s’entaillent la peau avec des couteaux, des miroirs brisés et des lames de rasoir sans même qu’une petite goutte de sang en sorte.
La horde joyeuse
Je remarque alors qu’un groupe de personne décide de contourner l’embouteillage humain par la rizière. Ni une ni deux, je me jette dans l’eau chaude et poisseuse des rizières et devance le cortège dissident. Je m’écarte et dégaine mon appareil photo en attendant leur arrivée. Les hommes traversent mon viseur et la beauté de cette scène hors du temps me crève les yeux, j’appuie sur la détente. Ils sont nombreux devant le coucher de soleil et l’épaisse jungle à traverser la rizière inondée dont la récolte a été défoncée par le passage de la horde joyeuse et survoltée.




Bois Sacré
Cauris rouges
En grimpant sur une souche d’arbre, je découvre les jeunes initiés qui sortent du Bois Sacré en file indienne, les pieds nus, le crâne rasé dissimulé par un tissus et vêtus de pagnes. Dans une déambulation solennelle, ils retrouvent leurs familles respectives après une semaine passée dans la brousse. Eux seuls savent les épreuves qu’ils ont du endurer.
En suivant le torrent de pluie qui dévale le chemin de terre rougeâtre, je rejoins une large assemblée qui festoie dans une espèce de transe collective sous d’imposants arbres fromagers. Des hommes ornés de masques à cornes, de cauris, d’arcs et de pagnes rouges dansent au rythme de percussions d’instruments métalliques.





La caravane passe
C’est alors qu’une caravane de plusieurs dizaines de dromadaires s’approche lentement du puit. Qui sait d’où ils viennent et depuis combien de temps ils marchent sous ce soleil de plomb. Dans ces conditions extrêmes, les Hommes et les Bêtes semblent égales face à la soif et la faim. Ils partagent alors la même auge d’eau saumâtre comme touchés par la grâce des Dieux du désert.
Dans les yeux des Némadis
Les hommes du village sont soit âgés, soit très jeunes. Nous n’avons rencontré aucun homme en âge de travailler. Quand nous brandissons nos appareils photo, prudemment de peur de les brusquer, ils semblent ravis et honorés et nous offrent sur un plateau leur présence majestueuse. Je suis fasciné par leurs yeux dont l’iris est auréolé de bleu tant il a été buriné par les rayons du soleil et leurs reflets sur le sable clair.




Attay
L'École coranique
Nous sommes conviés à saluer les villageois un à un dans leur tente. La barrière de la langue est infranchissable, alors nous nous déshabillons du regard, intensément, dans l’espoir de dévoiler un fragment d’âme, une ébauche de réponse pour les milliers d’interrogations qui cristallisent nos pensées.
Nous assistons alors à une scène merveilleuse : un à un, les enfants s’assoient face à leur maître en prenant soin d’apporter leur tablette de bois ornée de textes sacrés. Adossés à un lumière divine, ils récitent leur sourate du jour avec un flegme enfantin qui me rappelait tendrement les petits poèmes que je récitait nonchalamment à l’école primaire.

Gorée
L' île aux esclaves


La caravane passe
J’ai rapidement pris cette habitude de me lever tôt pour profiter de quelques minutes seul dans les ruelles de l’île. C’était mon moment préféré de la journée, il y avait toujours cette lumière rasante qui réchauffait mon visage et éclairait les étroites ruelles colorées de Gorée. À cette heure, l’île est ravissante. Elle est parsemée de bougainvilliers multicolores, de palmiers qui déploient fièrement leurs feuillages devant une mer d’huile, au cri des grands rapaces au plumage sombre qui surplombent ce petit bout de rocher.




Mame Coumba Castel
La porte du voyage sans retour
Au sud, il y a ces grandes falaises noires sur lesquelles s’écrasent les vagues de l’océan. On raconte que ce lieu est habité par un Djinn qu’on appelle Mame Coumba Castel et qu’il est dangereux de s’y aventurer seul. Cet endroit est alors déserté des goréens. Je passe des heures ici, c'est devenu pour moi un port où jeter l’ancre pour échapper aux tumultes de l’île.
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